
Quand littérature rime avec technologie
Le cas de pavillons, une plateforme numérique pour s'abonner à des feuilletons
Axe d’innovation: Joindre & Rejoindre
Nom de l’organisation: Pavillons
Pays: Québec, Canada
Date: Depuis 2022
Introduction
L’industrie du livre est depuis longtemps figée dans un modèle qui n’évolue guère. Pour les auteurs et autrices, publier est normalement synonyme de contrat avec une maison d’édition, et chaque livre est un objet distinct que le public se procure par un réseau de distribution classique. Mais voici qu’arrive Pavillons : un concept québécois qui pourrait bien bousculer notre rapport avec la littérature.
Pavillons est une plateforme en ligne, un portail numérique qui présente des textes inédits. L’idée qui sous-tend le projet est très innovatrice, en ce sens qu’elle repense complètement le livre traditionnel. D’abord, le format : les œuvres sont sous forme de feuilletons, et les lecteurs peuvent s’abonner au coût de quelques dollars par mois aux séries d’un ou de plusieurs écrivains de leur choix.
Les idées clés
Technologie tant attendue
Pavillons amène l’univers littéraire, un secteur culturel très peu technologique, dans une dimension avant-gardiste, qui pourrait intéresser de nouveaux publics.
Au service des auteur.trices
La plateforme a pour mission d’être au service des écrivains, et leur offre des avantages fort différents de ceux qu’ils trouvent chez les maisons d’édition.
Micromécénat
La réussite du concept dépendra de l’adhésion du public, qui devra payer une petite somme pour avoir accès aux œuvres.
Pour les auteurs, Pavillons offre une rémunération très intéressante, qui est plus directe que dans l’industrie du livre. Ils touchent 15 à 60% des revenus de leur œuvre, alors qu’avec une maison d’édition, c’est d’ordinaire 10%. C’est bien sûr en diminuant le nombre d’intervenants qu’une telle chose est possible : pas d’imprimeur ou de distributeur chez Pavillons. Par contre, il y a un accompagnement pour les écrivains, qui obtiennent du soutien éditorial et promotionnel de la part des trois cofondatrices Marie, Myriam et Annabelle, toutes issues du milieu du livre. La liberté est aussi centrale dans le concept, et les accords, très permissifs. En effet, les artistes conservent tous les droits sur leurs textes et ils choisissent le montant demandé pour y avoir accès, la fréquence à laquelle ils publient, ainsi que les visuels.

Crédits : Antoineine Lussier

Crédits : Mathieu Rivard
Chiffres clés
500+ abonnés
En quelques mois, plus de 500 individus abonnés, dont la moitié ont deux abonnements ou plus
14 feuilletons
En quatre mois d’existence, la plateforme comptait déjà 14 feuilletons, de 14 auteurs et autrices différents. De nombreux feuilletons vont continuer à être ajoutés dans les prochains mois.
83%
Soit le taux de rétention des clients sur la plateforme.
Conclusion
Pavillons apporte des solutions à la problématique de l’immédiateté en littérature. Bien souvent, quand les écrivains ont envie de joindre leurs lecteurs avec une idée d’actualité, qu’ils aimeraient partager urgemment, c’est impossible, puisqu’un livre traditionnel peut prendre des mois, voire des années, avant d’être publié.
Mais la plateforme n’est pas à l’abri de certains enjeux. Nul ne sait combien de temps il faudra à Pavillons pour aller chercher un public assez nombreux pour atteindre une bonne rentabilité, et bien sûr, les auteurs participants devront peut-être faire preuve de patience. De plus, l’équipe souhaite augmenter le nombre d’auteurs sur la plateforme, mais la fonction de soutien éditorial ne peut être automatisée, et heureusement ! Elle sera donc très certainement limitée par le volume d’écrivains qu’elle peut soutenir en même temps. Et comme les trois cofondatrices sont spécialisées dans le milieu du livre et non du numérique, le développement technique de la plateforme doit être externalisé.
L’engouement du milieu artistique est néanmoins palpable, de nombreux auteurs et autrices ont manifesté un grand intérêt et se disent charmés par l’idée. Des écrivains de renom comme Martine Delvaux et Patrick Senécal, pour ne nommer qu’eux, publient déjà sur la plateforme, ainsi qu’une douzaine d’autres. Il ne reste qu’une grande question à élucider : le public sera-t-il de la partie?
On espère bien que oui.
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