Repenser le processus de création

Chaim explique que l’idée du « camp » lui est venue alors qu’il participait lui-même à des ateliers de création qui « forçaient » le potentiel créatif à s’incarner en œuvres musicales – une discipline qu’il lui était difficile de développer seul. SongCamp installe donc des laboratoires virtuels décentralisés, où l’ensemble des talents nécessaires à la création musicale se réunissent sur une période donnée, subdivisée en actes comme au théâtre. Ils établissent entre eux le mode de fonctionnement, la redistribution des gains et les paramètres de la création à réaliser, incluant le volet visuel.

Chacune de ces rencontres porte un nom qui désigne le collectif de création spécifique qui participe à la DAO, ainsi que les pistes sonores qui en émergent. Celles-ci sont ensuite commercialisées sous la forme de jetons non fongibles (non-fungible tokens, ou NFT), qui permettent la redistribution automatique des gains en fonction des contrats intelligents qui les sous-tendent. Le processus de création implique les artistes intégralement du début à la fin, ce qui oblige des conversations difficiles et une négociation cruciale sur les notions de valeur et de répartition du travail et des gains.

Après le Camp Genesis et le Camp Elektra, la plus récente installation de Songcamp a été baptisée Camp Chaos et réunissait en tout 77 artistes qui ont produit, en quelques semaines, plus de 45 chansons exclusives distribuées sous la forme de 20 000 pistes sonores et illustrations correspondantes. Au niveau visuel, les créateurs utilisent notamment les techniques de design génératif par intelligence artificielle qui génèrent des variations sur la base de paramètres fixés par l’artiste. Au terme d’un camp, la musique de ce groupe sans leader est commercialisée sous forme de NFT qui peuvent être achetés au coût de 0,2 ETH par bloc de 4 pistes. Au moment d’écrire ces lignes, 1 ETH avait une valeur de 2,111 $ CA.